CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO

En 1945, à l'initiative des musicologues Clarisa CREAGH et Rafael INCIARTE ainsi que de Luis MORLOTE, médecin et passionné par le Changüí, se constitue à Guantánamo une formation, le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " destinée à préserver et cultiver ce genre musical caractéristique de la région orientale de Cuba.
L'ossature de la formation est constituée de membres de la famille LATAMBLÉ qui depuis plusieurs générations perpétue la tradition. Arturo (?-Guantánamo 1967), bongosero, assume la direction du groupe. Son frère Reyes LATAMBLÉ dit "Chito", joue du tres; Josefa MOYA LATAMBLÉ fait partie du couple de danseurs avec José Luis CÉSPEDES (Los Reynaldos 1909-Guantánamo1991). Dès sa constitution le groupe apporte une importante modification à la tradition en introduisant un chanteur spécifique alors que ce rôle était toujours tenu par le tresero mais les objectifs que se propose le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " nécessitent une meilleure voix que celle de "Chito". C'est Justo KINDELÁN (Guantánamo 1918-2006) joueur de maracas qui prendra ce rôle. Pedro SPECK (Guantánamo1909-2000) , une référence dans le changüí, joue de la marimbula et Santiago "Chago Guayo" REYES du güiro.


Chito Latamblé

José Luis Céspedes

Pedro Speck
Le groupe joue à Guantánamo et dans la région orientale durant plusieurs années. Les musicologues initiateurs du projet l'utilisent aussi comme support pour illustrer leurs conférences sur le changüí.
En 1960 le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " accède au statut de groupe professionnel que propose la Révolution triomphante et deux ans plus tard il se produit dans la capitale pour le 1° Festival de Música Popular qu'organise Odilio URFÉ.

Arturo, José Olivares, Pedro Speck, Carlos Borromeo, Cambrón et Chito.

Les premières modifications dans l'ensemble apparaissent à cette date lorsque José "Niño" OLIVARES (Guantánamo1919-2010) s'empare de la marimbula; Carlos "Cambrón" BORROMEO (Guantánamo 1918-1999), des maracas et qu'une nouvelle paire de danseurs, Mariano ODELÍN et Julia REYES prend la place du couple antérieur.
L'espace s'est ouvert pour les guantanameros qui se présentent à La Havane, jouant dans les écoles de musique ou les fabriques de cigares, dans divers festivals populaires du pays. Mais en 1967 Arturo disparaît. Son frère "Chito" prend la direction du groupe et le conduit au Festival de la Toronja dans l'île de la Juventud l'année suivante.


Une nouvelle étape du Changüí de Guantanamo avec Miguel Quintana, bongó;
Speck, Olivares et le couple Julia Reyes et Mariano Odelín.

Quatre ans plus tard la disparition de ODELÍN conduit Julia à choisir un nouveau partenaire, Antonio CISNEROS dit "Ñico Ya" et en 1975 le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " se présente au Teatro Amadeo Roldán avec le "CONJUNTO FOLCLÓRICO NACIONAL" pour le spectacle El Son Entero. Les années suivantes il retrouve le Festival de la Toronja, le Festival de la Trova à Sancti Spiritus, le Festival Sierra Maestra à Santiago de Cuba, les festivals de Son à La Havane, Manzanillo, les Festivals de la Trova de Santa Clara, Remedios...


La fin de la décade voit l'apparition ponctuelle dans le groupe du bongosero Andrés "Tabera" FISTÓ et la nouvelle décennie commence avec le départ de Julia qui laisse la place à Evelia "Bella" NOBLET (Central Los Caños 1927), formée dans les villages des montagnes. Le premier enregistrement "Changüi y Cumbancha: Ahora Sí" est réalisé en 1980 avec la participation d'un ancien de la formation, Pedro SPECK. L'année suivante, à la mort de QUINTANA, "Tabera" tient définitivement le bongó et "Cambrón" laisse sa place à un nouveau venu, Arsenio MARTÍNEZ puis à Andrés RODRÍGUEZ qui assume la première voix.

Evelia et "Ñico Ya".


Dès lors le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO" est présent dans la plupart des Festivals de Son du pays, il participe au disque "Semblanza musical de Guantánamo" mais en 1987 "Chito" LATAMBLE, malade doit laisser la place successivement à Pedro VERA puis à Saturnino "Nino" MENDOZA avec qui la formation participe au Festival Pepe Sánchez, au Festival del Caribe et au Festival del Son en 1988 et effectue l'année suivante sa première sortie hors de Cuba, invité aux Etats Unis par la Smithsonian Institution à participer au Festival Folklife. Le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " se produit à Washington et à Miami et réalise sa première tournée en Europe tandis que "Ñico Ya" assume la direction du groupe.

A d'importantes prestations dans la province de Ciego de Ávila en 1991 succèdent un nouvelle tournée en Hollande et Belgique en 1992, de nombreux concerts dans le cadre du Festival del Caribe, au MatamoroSon; à La Havane au Pavillon des Expositions; pour Radio Progreso, pour la télévision et dans leur fief de Guantánamo. Les guantanameros jouent aussi en Espagne à Seville lors du II° Encuentro del Son y el Flamenco en 1995, année au cours de laquelle c'est au tour de "Tabera" de prendre la direction du "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO". Les guantanameros participent l'année suivante au film Yo Soy del Son a la Salsa et en 1997 enregistrent "La Isla de la Música" et interviennent dans un documentaire du même nom. A La Havane le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " intervient dans El Son más largo del mundo à La Tropical.

"Tabera" en 2000 à la Réunion.

L'année 1999 est marquée par un voyage en Europe où la formation joue en Angleterre pour Window on the World, Cuba Presente... et en France pour d'importants festivals: Musiques Metisses à Angoulème, Nuits du Sud, Tempo Latino... Au retour les studios de Santiago de Cuba accueillent le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " afin d'enregistrer "Bongó de Monte" et de nouveau c'est vers la Réunion pour le Festival Kabarényon que le groupe se dirige en 2000 puis vers l'Europe qu'il retrouve en 2002 et 2003 avec un premier passage au Festival Toros y Salsa de Dax.

.
Le changüí de Guantánamo avec J.A. Moreaux, J.A. Rodríguez, C. Irbe et derrière Nino et Tabera.


Les années suivantes sont centrées sur les manifestations et festivals de leur province: Fiesta Guantanamera, Festival Nacional del changüí mais la formation retrouve la France avec Toros y Salsa en 2008 , l'Angleterre pour Cuba '50 l'année suivante. La formation a fait entrer de nouveaux noms autour de "Tabera" et Andrés RODRÍGUEZ, güiro et voix: Carmelo IRBE, tres; José "Niño" OLIVARES, marimbula; José Andrés MOREAUX, maracas et seconde voix et une nouvelle paire de danseurs, Marlene HERNÁNDEZ et Agustín MARTÍNEZ SAVÓN.

J.A. Moreaux, J.A. Rodríguez, C. Irbe, A. Fisto, J. Olivares...
Paris 2008. Photographie J. Defforges. Collection Rimacuba.

Changüi de Guantánamo. "Achero". >>>>

"Niño" OLIVARES disparait en 2010. A quatre-vingt-dix ans il était encore de tous les voyages, jouant à Londres et Paris avec sa marimbula à laquelle depuis plusieurs années il avait incorporé de nouvelles lames portant le nombre de celles-ci à 9. Le "CHANGÜÍ de GUANTÁNAMO " continue d'animer chaque dimanche la peña de la Casa del Changüí à Guantánamo tout comme au long de 2011, année marquée par une grande tournée nationale avec une prestation remarquée dans la ville de Bayamo. Les années se suivent et la formation continue d'animer la région. En juin 2015 la formation participe à l’événement El Changüi más largo del mundo. Au mois d’aout pour la célébration des 70 ans du « CHANGÜI de GUANTÁNAMO » un hommage est rendu à la formation lors d’un concert où elle intervient avec d’autres groupes changüiseros, notamment  « Las ESTRELLAS CAMPESINAS », « El GUAJIRO y su CHANGÜI » …  Les festivités se prolongent pour le Gala d’ouverture des fêtes de Carnaval ainsi que lors de la Journées de la Culture  Guantanamera en octobre et en décembre pour la XX° Fiesta a la Guantanamera.

© Patrick Dalmace

Discographie sélectionnée:
* "Bongó de Monte", Santiago de Cuba, 1999. Egrem.

Le Changüí. Du Monte à Guantánamo.
>>>>

.... Tous les groupes ....

<<<<
Champions del Son, Los.
 
 
Chapottín y sus Estrellas.